VIIth Arenberg Conference for History: Nobility in Exile
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Les migrations nobiliaires entre la France, l’Empire et l’Europe centrale (XVe - XIXe siècle)
5-6 juin 2018
Organisation:
- Laurent Bourquin (Le Mans Université)
- Olivier Chaline (Université Paris Sorbonne)
- Michel Figeac (Université Bordeaux Montaigne)
- Martin Wrede (Université Grenoble Alpes)
La « crise des migrants » a replacé les migrations internationales au coeur de l’actualité européenne. Ce type de phénomène spectaculaire, qui a pu être comparé au déplacement des populations allemandes en 1945 ou au rapatriement des Français d’Algérie en 1962, traduit au plan démographique des ruptures géopolitiques majeures. À l’époque moderne, certaines crises politiques ou religieuses ont déclenché de la même façon des migrations de groupes spécifiques sur des périodes brèves. Mais il s’est également produit, dès cette époque, des migrations plus diffuses, qui se sont étendues sur une longue durée et qui n’ont touché que certaines catégories de la population : par exemple l’émigration des Castillans vers le Nouveau Monde au XVIe siècle, l’immigration des travailleurs italiens, maçons ou autres stucateurs, qui ont disséminé les façades baroques dans toute l’Europe Centrale, ou bien l’attrait des villes portuaires sur leur hinterland.
Les migrations nobiliaires de l’époque moderne appartiennent à cette dernière catégorie. Comparés à d’autres groupes sociaux, les nobles avaient davantage de moyens et de raisons d’émigrer. Malgré son attachement à la terre de ses ancêtres, le second ordre se caractérisait aussi par une certaine instabilité géographique et par son indéniable goût de l’aventure qui faisait partie intégrante de ses valeurs. Les nobles qui résidaient dans les provinces frontalières pouvaient être attirés par un ailleurs qui leur était relativement proche et familier. Certaines familles, parmi les plus puissantes, se caractérisaient par une envergure européenne, cosmopolite, qui leur permettait de s’affranchir plus facilement des frontières et de faire carrière – successivement ou simultanément – dans des pays différents.
La France moderne était, pour trois raisons essentielles, particulièrement touchée par ce phénomène. En premier lieu, la dilatation du territoire au cours de la période moderne entraîna différentes formes de migration transfrontalière que l’on observe, par exemple, en Flandre, en Franche-Comté, en Alsace ou en Lorraine. La seconde raison tient à l’attractivité des carrières dans l’administration ou l’armée du roi de France : elles étaient nombreuses et favorisaient une abondante immigration de service en provenance des pays étrangers. Enfin, les conflits religieux des XVIe-XVIIe siècles et la législation restrictive à l’égard de la minorité réformée contribuèrent à nourrir l’émigration confessionnelle en direction des pays voisins.
Nous avons souhaité que ce colloque soit principalement consacré aux migrations nobiliaires entre la France, l’Empire et l’Europe centrale, tout en l’ouvrant à de fructueuses comparaisons avec d’autres espaces. Les flux y ont été, en eff et, à la fois intenses et étroitement liés à la géopolitique européenne. Dès le dernier quart du XVe siècle, la disparition de la cour de Bourgogne a produit un eff et notable sur les carrières des nobles néerlandais et rhénans, qui ont été conduits à tourner leurs regards vers l’Empereur ou l’Espagne, mais aussi la France.
Par la suite, la Réforme a établi un réseau international protestant qui réunissait surtout des composantes françaises, néerlandaises et germaniques. Pendant toute l’époque moderne, de nombreux officiers d’origine allemande, polonaise, suédoise voire autrichienne ou tchèque ont combattu dans les troupes royales et se sont installés en France. Inversement, deux événements marquants ont provoqué l’émigration d’une partie de la noblesse française vers l’Empire et, plus largement, vers l’Europe centrale, de la Hongrie à la Baltique : d’abord la Révocation de l’édit de Nantes, puis, à plus grande échelle, la Révolution. Parmi ces familles, bon nombre d’entre elles sont revenues par la suite, mais certaines sont demeurées et y ont fait souche. À l’époque napoléonienne, la mise en place de l’administration impériale sur une large partie de ces territoires a également attiré des nobles français sur des postes à l’étranger, et les a parfois conduits à s’établir dans leur pays d’accueil. Notre réflexion nous conduira ainsi jusqu’au milieu du XIXe siècle, ce qui permettra d’évaluer l’impact du « Printemps des Peuples » et de sa répression sur ces flux migratoires.
Programme
Identités
Martin Wrede (Université Grenoble Alpes, France)
Une terre d’opportunités ? Quand des princes du Saint-Empire se rendent en
France (XVII-XVIIIe s.).
Agnieszka Jakuboszczak (Université Adam-Mickiewicz de Poznan,
Pologne) et Stanislas Roszak (Université Nicolas Copernic de Torun,
Pologne)
La comtesse Schwerin et Saloméa Pilsztynowa - deux cas d’adaptation
culturelle en exil au XVIIIe siècle.
Michel Figeac (Université Bordeaux Montaigne, France)
Xavier Branicki ou la construction d’une identité entre France et Pologne
(1816-1879).
Igor Kraszewski (Université Adam-MickIewicz de Poznan, Pologne)
Une identité nationale ou sociale – formation d’identité en exil. Les Zamoyski
de Kórnik au tournant des XIXe et XXe siècles.
Intégration
Bertrand Goujon (Université de Reims Champagne-Ardenne)
Émigration ou (ré)implantation ? Les princes et ducs d’Arenberg dans les États
des Habsbourg à la charnière des XVIIIe et XIXe siècles ».
Jaroslaw Dumanowski (Université Nicolas Copernic de Torun, Pologne)
Les Baluze en Pologne. Migration et statut nobiliaire à la cour française en
Pologne dans la seconde moitié du XVIIe siècle.
Nicolas Le Roux (Université Paris 13, France)
Jean Stuart, duc d’Albany, régent d’Écosse en exil en France.
Laurent Bourquin (Le Mans Université, France)
Les nobles d’origine lorraine en Champagne : itinéraires socio-politiques d’une
aristocratie transfrontalière (XVe-XVIIe siècles).
Ferenc Toth (Centre de Recherches en Sciences humaines de l’Académie des Sciences, Hongrie)
L’immigration nobiliaire hongroise en France au XVIIIe siècle. Bilan et
perspectives de recherche, questions méthodologiques.